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Gérer les conflits entre enfants de 18 mois à 3 ans : un apprentissage essentiel pour les enfants, et pour l’équipe

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  • Dernière modification de la publication :juin 5, 2025

Le conflit chez les tout-petits : une étape normale (et nécessaire) du développement

Chez les enfants entre 18 mois et 3 ans, les conflits font partie du quotidien : « je veux le jouet », « je pousse », « je mords », « je crie ».
Ces moments, souvent bruyants et déroutants, sont pourtant des étapes-clés du développement social.

Ces conflits sont des passages obligés, inscrits dans le développement normal de l’enfant. Pour mieux les comprendre (et donc mieux les accompagner), il est essentiel de revenir à ce que nous apprennent les neurosciences sur cette tranche d’âge (18 mois à 3 ans).

À cet âge :

  • Il est en pleine construction de son identité : il expérimente son pouvoir d’agir.
  • Il est dans une phase égocentrée : tout lui appartient, il ne distingue pas encore clairement l’autre comme un être séparé avec ses propres intentions.
  • Ce qui l’attire n’est pas toujours l’objet, mais l’action de l’autre avec cet objet (besoin d’imitation, d’expérimentation).
  • Son cerveau n’a pas encore développé les zones qui permettent la régulation émotionnelle et l’inhibition des pulsions (cortex préfrontal).
  • Il n’a pas encore les mots pour dire, donc il agit avec son corps (griffer, pousser, mordre…).

Résultat : les conflits explosent vite, avec parfois des gestes agressifs (poussées, griffures, morsures). Ce ne sont pas des « caprices », ni une « violence volontaire », mais des réactions impulsives face à une émotion trop forte à gérer seul. Toutefois, le conflit n’est pas un problème à supprimer, mais un levier pour grandir… à condition d’être bien accompagné.

Le rôle du professionnel : accompagner, pas contrôler

Dans nos représentations d’adultes, le conflit est souvent vu comme quelque chose à éviter. Mais pour les jeunes enfants, le conflit est une forme de communication, une manière encore maladroite de dire :

« J’existe. Je veux ce que tu as. Je ne sais pas comment l’avoir autrement.« 

Le réflexe naturel de l’adulte peut être de séparer, sanctionner, punir. Or, notre rôle n’est pas de « faire taire » le conflit, mais d’outiller l’enfant pour le vivre autrement.

Cela implique :

  • De verbaliser ce qu’il vit
  • De valider ses émotions
  • De lui proposer des alternatives relationnelles
  • De l’aider à trouver des solutions à deux

La communication positive devient ici un véritable outil éducatif :

Gérer les conflits entre enfants : un apprentissage essentiel… pour les enfants, et pour l’équipe

« Tu voulais le jouet. Tu es en colère. Lui aussi le voulait. Vous n’êtes pas d’accord. Comment peut-on faire ensemble ?« 

Plutôt que de punir ou de gronder, la communication positive propose un accompagnement actif, empathique et structurant.

Un petit exemple : « Tu es en colère parce que tu voulais le jouet. » 

  • Nommer les intentions de chacun : « Lui aussi voulait jouer avec le camion, vous le voulez tous les deux.« 
  • Proposer une alternative : « Il va te le prêter dès qu’il aura fini de jouer, ou trouver un autre camion de disponible. » et quand l’enfant est plus grand on peut commencer à le questionner sur la recherche de solution possible, en lui demandant “Qu’est-ce qu’on peut faire lorsqu’on veut le même jouet qu’un autre enfant ?”, ainsi l’enfant sera acteur dans sa recherche de solution.
  • Si l’enfant a eu un geste de pousser/griffer/mordre : il est important de lui rappeler l’interdit de faire mal à l’autre.

Petit à petit, ces interventions modèlent pour l’enfant un autre mode de relation : verbale, constructive, et respectueuse. Les enfants intègrent ces codes et les rejouent… à leur rythme.

Et si tout le monde n’intervenait pas de la même façon ? L’importance du projet d’accueil

L’enfant a besoin de régularité, de repères, de stabilité émotionnelle. Il apprend aussi par cohérence : si une professionnelle interdit une action et que l’autre la laisse passer, l’enfant ne peut pas construire des repères stables.

C’est ici que le projet d’accueil prend tout son sens :

Il n’est pas qu’un document administratif. Il est le socle vivant des valeurs éducatives communes, un cadre partagé sur :

  • Nos visions du développement de l’enfant,
  • Nos modalités d’intervention dans les situations de conflit,
  • Les postures relationnelles attendues dans l’équipe,
  • Le vocabulaire éducatif à adopter.

« Dans notre structure, nous considérons les conflits comme des opportunités éducatives. Nous les accompagnons avec empathie, verbalisation et recherche de solution. Nous ne punissons pas, nous soutenons. »

Ce type de cadre partagé permet à chaque professionnelle d’agir en cohérence, et donc de proposer à l’enfant une lecture stable et sécurisante des situations.

Un projet éducatif partagé, pour une équipe cohérente et contenante

Une équipe qui travaille avec les mêmes repères éducatifs crée une vraie continuité d’accompagnement pour l’enfant. Cela ne veut pas dire que tout le monde fait exactement pareil, mais que les intentions sont communes, et que le langage professionnel est aligné.

Dans une telle équipe :

  • L’enfant anticipe les réactions des adultes : cela le rassure.
  • Les professionnelles se soutiennent mutuellement, grâce à un référentiel commun.
  • Le conflit devient une opportunité pédagogique collective, pas une source de tensions internes.

En résumé : accompagner les conflits, c’est aussi penser en équipe

Gérer les conflits entre enfants demande des compétences fines : régulation émotionnelle, empathie, écoute, verbalisation… Mais cela demande aussi un cadre d’équipe clair, vivant et aligné.

En tant que professionnelle :

  • Je m’outille avec la communication positive
  • Je prends appui sur les neurosciences
  • Je m’accorde avec l’équipe via le projet d’accueil
  • Je reste calme, constante et cohérente

Parce que chaque conflit est une graine de relation… à condition d’être bien accompagné pour germer.

En résumé : le conflit, terrain d’apprentissage relationnel

Accompagner les conflits entre enfants, c’est poser les bases de la vie en société. Chaque dispute est l’occasion :

  • D’apprendre à gérer sa frustration
  • De découvrir l’autre et ses limites
  • D’être accompagné dans sa relation au monde

Ce travail demande du temps, de la patience, et surtout une posture professionnelle consciente, bienveillante et sécurisante. Ce n’est pas facile tous les jours, mais c’est un investissement sur l’avenir relationnel des enfants que nous accompagnons.

Vous souhaitez former votre équipe à la gestion des conflits chez les tout-petits ?

J’accompagne les structures de la petite enfance dans le développement d’outils concrets et bienveillants pour aborder les conflits autrement.

Au programme : neuroscience, communication positive, jeux coopératifs, posture professionnelle… Si tu souhaites également mieux comprendre les conflits entre équipe, je te conseille cet article.

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